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Services de presse entre Alumni #31 : Nous liquides, de Caroline Giraud

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Club Littérature

28/09/2025

« Il y a une grâce dans ces vers, qui nous fait revisiter le bon vieux sentiment océanique auquel nous aspirons entre deux "cristallisations" » : Frédérique Trimouille (promo 1977) nous explique pourquoi elle a savouré Nous liquides de Caroline Giraud (promo 2001), illustré des encres de Nicolas Blondel, paru en juillet 2025 aux Éditions de l'Entrevers.

Le livre


L'autrice

Caroline Giraud pour Babelio


Caroline Giraud (Caro Giraud) propose un univers poétique sensuel où le rapport à la nature tient une place essentielle et cultive un éclectisme de ton et de forme dans l’écriture.

Investie dans des collectifs et projets de recherche autour des nouvelles pratiques de poésie digitale, elle publie en revue depuis 2022 (Terre à ciel, Zone Critique, la forge, margelles, pro/p(r)ose, Lichen, hélas! Cahiers rouges, Les Haleurs, Peau électrique, Prose combat...).

Elle est l'autrice de Moelle immense, un livre-objet illustré et conçu par l’artiste ukrainienne Yuliia Ignat, de Maillon nu aux éditions maelstrÖm (mai 2025) et de Nous liquides aux éditions de L'Entrevers (septembre 2025), chroniqué pour le club Littérature par Pierre de Montalembert d'Esse.


Présentation du recueil par la maison d'édition

« qu’elles s’inondent de joie

nos terres insolentes

qu’ils se treillent nos fruits pleins

sans attendre la pluie

nous ne sommes pas à conquérir. »

Caroline Giraud porte la nature à fleur de peau ; chaque élément végétal, minéral, aquatique ou céleste retrouve en elle une impression en vers, traduits par la vibration, le questionnement, les doutes…

« Tout dans ce recueil bouillonne, gronde, s’ouvre et jaillit. Les encres de Nicolas Blondel explorent cette jouissance couvant dans les teintes de tourbe et d’humus pour éclater à la page suivante en épanchements de laves marines. Cheveux, chevaux, peaux en crue et lisières éclaboussées, les peintures déploient le texte sur des rives organiques. »

Postface de Gaëlle Fonlupt


Un poème choisi par Frédérique

Dans la lumière du Nord
chaque voile suggère
la peau de ton aura d'eau

sourde à mes heures dociles
seule la résistance
aimante ta chaloupe

de quel bois sommes-nous
la sève
le reflet
le rondin porteur de maisons douces
la pièce maîtresse
la mitraille d'abondance
la branche ultime ?

L'avis de Frédérique

Lecture et contemplation réunies

La lecture de ces poèmes de Caroline Giraud et la contemplation des encres de Nicolas Blondel qui leur font écho avec une justesse et une liberté admirables, ne laissent pas indemnes. Le titre du recueil Nous liquides, dans son étrangeté, suscite déjà une émotion immédiate, à la fois intime et cosmique

Les poèmes, merveilleusement mis en page, bravo à la Maison d’Édition de l’Entrevers, bousculent et enchantent, laissant au palais le goût de l’osmose avec la nature, l’humus, l’herbe, ou vous traversant de leur matière liquide, de leur fluidité, ou encore vous attrapant par le cœur, soudain figé. 


Le « je » n’est le centre de rien

Un vers vous empoigne je cristalliseregrets et erreurs flottent en cristauxil est d’Étanches solitudes sur routes infréquentablesun autre vous libère par des mots si grands et si simples que seule la poésie peut offrir : l’idée de l’eau suffit à me remplir touteCe monde liquide est fait d’esquisses, de mirages et de ruisseaux sans lit, un monde où l’émoi n’a pas de chez et où le « je » n’est le centre de rien.

Fluidité et transparence mais cependant, épousailles, j’ai épousé cette eau qui restera lointaine, le lien reste ténu, la présence à peine esquissée s’évanouit. Il y a une grâce dans ces vers, qui nous fait revisiter le bon vieux sentiment océanique auquel nous aspirons entre deux « cristallisations ».


La mémoire, liquide parfois elle aussi

Le temps est là qui nous laboure ou nous échappe, ou plutôt la mémoire est là, insaisissable, liquide parfois elle aussi, faite d’oublis, ma braise où es-tu ? et de retours comme un ressac et l’histoire du nous elle-même, avec ses cuirs et ses chevaux, palpite dans ces vers, car rien ne meurt qu’une fois

Les encres rousses, ocres, pourpres sont les morilles endiablées et les herbes affolées des poèmes, leurs bleus si bleus qu’elles en sont violettes sont les abysses étoilées qui traversent le lecteur. Et la douceur le miel toutes fleurs / coulera à foison jouxte la tragédie de la vie, couteaux-gluants-aux-gorges-des rieuses


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