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Services de presse entre Alumni #33 : Nous les Guilhems de Montpellier, de Didier Amouroux

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Club Littérature

Chroniques littéraires

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07/10/2025

« ... comme dans une conversation entre siècles », « le roman devient un miroir où le lecteur mesure la permanence de l'humain à travers le changement des codes », si bien qu'« il ne serait pas étonnant que ce roman devienne une référence tant pour les habitants de la région que pour les amateurs d'histoire de France, tout en s'adressant autant aux amateurs d'histoire du Languedoc qu'à ceux qui sinterrogent sur la permanence du sens et du bonheur à travers le temps »Sylvaine Boussuard - Le Cren (promo 1982) nous explique les nombreuses raisons pour lesquelles elle nous recommande chaudement Nous les Guilhems de Montpellier - Nos 3 châteaux et la vierge noire (985-1206) de Didier Amouroux (promo 1975), paru en juillet 2025 aux éditions Complicités dans la collection « romans historiques ».

L'auteur sera présent samedi 11 et dimanche 12 octobre aux Rendez-vous de l'histoire de Blois. Il sera en dédicace de 10h à 17h sur le stand des éditions Complicités (stand 25).


Le livre


L'auteur

Didier Amouroux pour Babelio


Didier Amouroux est né à Montpellier. Diplômé de Sciences Po Paris, il a complété son diplôme par un DESS en gestion de lentreprise. Son entrée dans la vie active s’est faite dans le secteur informatique, mais il s’est ensuite dirigé vers la banque où il fait tout le reste de sa carrière tout en s’occupant bénévolement d’associations dintérêt général telles que Ponteranga, association humanitaire dont il est le président.

Sa carrière littéraire a démarré en 2003 lorsqu’il a dirigé l'écriture de l’Histoire des Caisses d'épargne en Languedoc Roussillon édité par Privat. 

Cest à partir de 2011 quil écrit ses premiers textes plus personnels : un recueil de nouvelles policières, un autre de courtes histoires languedociennes intitulé Contes solaires, un premier roman suivit de nombreux autres. 

Parmi plus d’une dizaine de livres édités, trois ont été primés dans trois départements différents : Var (Contes solaires en 2014), Hérault (Les étrangers du Val de Londres, 2022, réédité en 2025) et Aude (Recherches en Val de Londres, 2024). Ses deux derniers romans de terroir ont été publiés en 2024 : Rêveries Cévenoles (réédition enrichie) et Au Pic Saint Loup, avec ou malgré vous ?, chroniqué pour le club Littérature par Clarisse Ranc.


Présentation du livre par la maison d'édition

En l’an 985, une dynastie visionnaire pose les fondations de ce qui deviendra l’une des cités les plus emblématiques du sud de la France. De Guilhem Ier à Marie de Montpellier, ce roman historique nous entraîne au cœur de deux siècles d’aventures, de luttes de pouvoir et de transformations sociales, religieuses et économiques.

À travers un récit richement documenté, découvrez la vie quotidienne au Moyen Âge : les métiers, les quartiers, les pèlerinages, mais aussi les batailles pour le contrôle de la ville et son rôle stratégique en Méditerranée. Suivez les Guilhems dans leurs combats pour l’indépendance et l’expansion, tout en revisitant la topographie actuelle de Montpellier et ses monuments disparus – châteaux, églises et marchés – qui reprennent vie sous votre regard.

Entre intrigue et histoire, ce roman redonne toute sa grandeur à une dynastie méconnue et à une ville dont l’âme a traversé les siècles.


Deux extraits choisis par Sylvaine

Chacun sait qu'après une bonne ou mauvaise dispute, il vaut mieux refaire la paix pour éviter les retours de flamme. Chez nous, les Guilhems de Montpellier, les guerres avec les Melgueil ont toujours été suivies d'accords de réconciliation et souvent de mariages.
La comparaison me vient spontanément à l'esprit. Elle me rappelle pourquoi j'ai à nouveau entrepris un si long voyage.
Te retrouver.
Te ramener.
Comme jadis.
L'idée trotte dans mon cerveau. Il agite tout seul des arguments contradictoires.

L'avis de Sylvaine

Un décor immersif qui plonge au cœur du Moyen Âge

Ce roman historique vous plongera au cœur du Moyen Âge, à laube de lan 1000. La dynastie visionnaire des neuf Guilhems et de Marie de Montpellier crée et développe Montpellier en deux siècles de luttes et daventures. Le lecteur découvrira le brassage des artisans locaux, canabassiers, drapiers, merciers, tonneliers, orfèvres, changeurs, mégissiers sur le Merdanson, apothicaires, épiciers, fripiers, laboureurs, marchands de tous pays, médecins, pèlerins, hommes d’Église… On localisera les châteaux des seigneurs, leurs églises, les processions de la Vierge qui figure toujours sur le blason de la ville.

 

Guilhem VI, un Seigneur emblématique du XIIe siècle

Le personnage principal, présent à chaque page, est Guilhem VI. 

En 1121, lorsqu’il hérite de Montpellier, ville fondée par son ancêtre Guilhem Ier, il nest encore quun adolescent qui reçoit une seigneurie riche, animée, ouverte sur le monde. Dans ses rues étroites, les marchands affluent. Catalans, Champenois, Génois, Pisans, Vénitiens… tous viennent pour une seule chose : les draps teints de Montpellier, réputés bien au-delà des terres occitanes. On y parle plusieurs langues, on y échange des monnaies diverses. Musulmans, juifs, chrétiens sy croisent sans surprise. Montpellier, déjà, attire. Par ses marchandises et par ses savoirs.

Vers 20 ans, Guilhem VI suit lexemple de son père, Guilhem V, et part en croisade. Deux ans durant, il combat en Orient. À son retour, il ne rapporte ni or, ni terres nouvelles, mais un fragment de la Vraie Croix : une relique précieuse et sacrée ! Afin de laccueillir, il fait édifier une chapelle adossée à son nouveau château, sur lactuelle place de la Canourgue. Le prestige de Montpellier, sur le chemin de Compostelle, devient spirituel.

En 1141, les notables, soutenus par la population, se révoltent. Guilhem VI est chassé de sa propre ville et contraint de se réfugier à Lattes. Même excommuniés par Innocent II, pape favorable à Guilhem VI, les habitants défient lautorité seigneuriale et proclament un consulat. Ce n’est qu’en 1143, après des combats et un siège de quelques dix mois qu’il réussira à se rétablir en maître dans la ville.

En 1147, il transmet la seigneurie à son fils aîné et, ayant décidé de consacrer ses dernières années à Dieu, il quitte Montpellier pour le monastère cistercien de Grandselve, en Gascogne, où, devenu moine, il sera enterré en vers 1162. 

Au fil du roman, le héros va rencontrer divers personnages dont l’intérêt est essentiellement de permettre à l’auteur de donner une tournure vivante et dialoguée à son récit. 

 

Une mise en abîme temporelle originale 

Lauteur opère une mise en abîme temporelle originale : un seigneur du XIIe siècle, Guilhem VI donc, se retrouve projeté dans le Montpellier de 2025 par un phénomène miraculeux lié à sa foi et pour lui permettre d’accomplir une mission bien précise. Ce décalage entre les mentalités médiévales et contemporaines donne au récit une double lecture — historique et anthropologique. Ce procédé, plutôt ambitieux, permet dinterroger ce qua changé (ou non,) en bien ou en mal, un millénaire de civilisation (mais sommes nous plus civilisés qu’au XIIe siècle ?).

L’écriture, fluide et charpentée, privilégie la clarté. Les dialogues servent de médiation entre les époques, parfois teintés dhumour discret : « Eh oui, moderne Jeanne qui shabille de rien. De mon temps, les filles attendaient quon les déshabille... ». Cette légèreté contraste avec la densité des réflexions intérieures et historiques, créant un équilibre entre pédagogie et narration. La syntaxe est simple, les transitions nettes, et lauteur évite lemphase, de sorte que la lecture est aisée et sans temps mort.

 

Plus qu'un roman, un miroir temporel pour le lecteur

Ce roman se distingue par sa construction temporelle intelligente, sa portée réflexive  sur la modernité, un style sobre mais expressif, une fidélité historique solide, et une tonalité humaniste, plus méditative que moralisatrice. Quelques lecteurs pourraient trouver la structure dialoguée un peu didactique, mais ce choix sert ici une visée claire : transmettre sans détour, comme dans une conversation entre siècles.

Les extraits révèlent une réflexion sur la quête du bonheur et le sens de la vie à travers les siècles. Guilhem VI, figure médiévale, comprend que la félicité de 2025 repose sur loisiveté et le confort, alors que la sienne résidait dans laction, la lignée, la foi et la survie. Il est évident qu’il a du mal à comprendre le monde actuel et éprouve un certain désarroi face à la transformation de sa ville qui lui était si chère. Les scènes domestiques et les portraits des divers interlocuteurs modernes montrent la continuité des comportements humains — fierté, pudeur, désir de reconnaissance — malgré les siècles. Le roman devient un miroir où le lecteur mesure la permanence de lhumain à travers le changement des codes. La sexualité est abordée frontalement mais sans vulgarité : elle illustre lancrage corporel du Moyen Âge, à la fois vital et contraint par la religion. Le passage sur les « bâtards voués à lhabit ecclésiastique » traduit avec justesse la tension entre désir et expiation, chair et dogme.

 

Pourquoi ce livre devrait plaire aux Alumni de Sciences Po

Lhistoire des Guilhems de Montpellier est relativement peu connue du grand public. Le cadre 985-1206 est une période cruciale, mais peu explorée dans les romans grand public. Le roman peut combler une lacune en donnant vie à une dynastie, ses châteaux, ses luttes, sa culture matérielle. Cela attirera ceux qui aiment le Moyen Âge, lhistoire régionale, la patrimonialité.

Le lecteur pourra apprendre beaucoup sur le Montpellier médiéval, car le récit s’appuie sur des sources historiques solides (période, dynastie, actes), l’auteur ayant consacré à cet ouvrage trois années de recherches et un an d’écriture : malgré le cadre fictionnel, les détails sont rigoureux. Sans verser dans l’érudition froide, l’auteur restitue la vie quotidienne et les gestes, mais toujours au service de la narration. 

Roman historique ambitieux, érudit mais lisible, riche sans être ésotérique, Nous les Guilhems de Montpellier, nos 3 châteaux et la Vierge noire 985-1206 relie lesprit médiéval à notre modernité. Didier Amouroux y réussit un équilibre rare entre documentation, réflexion et narration. Il ne serait pas étonnant que ce roman devienne une référence tant pour les habitants de la région que pour les amateurs dhistoire de France, tout en s'adressant autant aux amateurs dhistoire du Languedoc qu’à ceux qui sinterrogent sur la permanence du sens et du bonheur à travers le temps.

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