Service de presse entre Alumni #20 : Préfet - Des montagnes du Liban au service de la République, de Ziad Khoury
11.25.2024
« Un métier qui est aussi une vie » : Nicole Klein (promo 1974) nous explique pourquoi et comment lire Préfet - Des montagnes du Liban au service de la République, de Ziad Khoury (promo 1989), paru en septembre 2024 aux éditions Mareuil.
Le livre
L'auteur
Ziad Khoury pour le Who's who
Ziad Khoury commence sa carrière dans la fonction publique en tant que sous-préfet de Champagne- Ardenne. Il a occupé plusieurs postes de sous-préfet dans différentes régions, et a également été diplomate ou dans la direction de grands services. En 2017, il est nommé préfet de la Haute-Saône et en 2019, préfet de l’Aisne.
Présentation du roman par la maison d'édition
En 1979, Ziad Khoury quitte le Liban, sa terre natale, fragilisé par une guerre engagée depuis quatre ans et s'exile en famille en France.
Sa volonté et son ambition lui permettront d'entrer à l'ENA, cette même école, qui dissoute en 2021, sera remplacée par l'INSP.
C'est avec justesse et recul, que Ziad Khoury revient sur les années fondatrices de sa vie et nous relate son parcours hors-norme.
Ce livre est l'occasion d'expliquer ce qu'est le métier de préfet, un véritable sacerdoce dans la France des campagnes.
Tout au long de ce récit authentique, le lecteur suit l’itinéraire méritant qui éloigne l’auteur chaque jour davantage de l’exilé de guerre qu’il était, en arrivant sur le sol français. Des montagnes du Liban au service de la République.
L'avis de Nicole
Un étudiant brillant
Né le 14 juillet 1969 à Beyrouth, Ziad Khoury quitte son Liban natal, avec sa famille, à cause de la guerre, en 1979.
Lycéen puis étudiant brillant, il entre à Sciences Po, « la logique du mérite » lui « ayant donné sa chance », puis est admis à l’ENA, « l’un de ces rares moments vertigineux dans la vie avec l’impression qui nous envahit d’un chemin de grâce où tout s’éclaire devant soi ». Le plus jeune de la promotion Saint-Exupéry, il y déplore « une ambiance pas toujours saine, comme ces pages arrachées dans les livres pour que personne d’autre n’en profite, ou les vols dans les casiers. »
Une carrière d’énarque dans le corps préfectoral
Après avoir constaté « avec une profonde désillusion le recul progressif de son rang de classement, secrètement de plus en plus abattu », il choisit le corps préfectoral. Il devient directeur de cabinet du préfet de la région Champagne-Ardenne, préfet de la Marne, où la « femme de sa vie l’attendait ». Il épousera la stagiaire de l’ENA avec qui il est fier d’avoir eu et élevé cinq enfants. Il découvre les ors de la préfecture, « la voiture de fonction avec un conducteur et un gyrophare » dont il est pourtant avisé de ne pas se servir. En 1996, il est nommé sous-préfet chargé de mission en Seine-Saint-Denis, où il reste un peu plus de deux années.
Il choisira ensuite, une première fois car il y reviendra, « l’épopée européenne ». Il est mis à disposition de la communauté européenne en qualité d’expert national, affecté à la direction des relations avec le conseil.
Après un retour en France, en administration centrale, à la sécurité routière, il devient directeur de cabinet à Nantes où, en même temps que les Folles journées de Nantes, il connaîtra les exigences des permanences, en particulier la nuit de la Saint Sylvestre. « Je n’ai jamais autant travaillé que pendant ces trente mois à Nantes…La liste de mes travaux était sans fin ».
En 2006 et jusqu’en 2013, il retourne à Bruxelles comme conseiller pour la justice et les affaires intérieures, une Europe dont il essaye de nous expliquer les arcanes : « L’Europe se compare plutôt à un tanker qu’à un bateau de course. Malgré des désillusions, ne nous enfermons pas dans la seule dépréciation d’un projet européen qui a aussi ses vertus, mais soyons lucides sur ses faiblesses et résolus à lui faire suivre un nouveau chemin ». En 2017, il est le coordonnateur, au ministère de l’Intérieur, de la préparation du retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Après avoir refusé un poste de préfet délégué pour l’égalité des chances et avoir été affecté à la préfecture de la Région Ile-de-France, il est nommé, en 2018, préfet de la Haute-Saône. 76ème préfet de ce département, « ma femme m’aide à attacher la cape à chaîne d’or qui donne une allure épique à l’uniforme préfectoral. Je l’ai acheté sur mes deniers, contrairement à l’uniforme qui est remboursé par l’État, car elle me semblait plus éloquente durant les jours de froidure où l’on pouvait la vêtir ». Il a « passionnément adoré la Haute-Saône », son « engagement fut total », comme celui de son équipe, dont il a raison de souligner l’importance. Dix-huit mois plus tard, il devient le 89ème préfet de l’Aisne, où le métier lui paraît tout aussi passionnant.
« Seul mammifère à avoir contribué à l’organisation des cinq plus grands événements sportifs du monde : les Jeux Olympiques, la Coupe du monde de football, l’Euro de football, la Coupe du monde de rugby et le Tour de France », en juin 2021, après avoir connu les coulisses de l’Euro 2016, Ziad Khoury est chargé d’une mission olympique en tant que « nouveau coordonnateur national pour la sécurité des Jeux olympiques et paralympiques ».
Vous avez dit « hauts fonctionnaires » ? Des métiers variés et passionnants !
A la lecture de cette belle carrière, tous ceux qui s’interrogent sur ce qu’on fait en sortant de l’ENA, ou aujourd’hui, de l’INSP, constateront une nouvelle fois que les métiers de hauts fonctionnaires sont variés et passionnants.
Ceux qui chercheront des révélations que laissent entendre la mention en couverture d’« un témoignage édifiant dans les coulisses de l’ENA et de la haute fonction publique » seront déçus. Ziad Khoury ne trace le portrait que d’éminents préfets qui ne sont plus en poste, ce qui n’empêche pas d’avoir envie d’exercer un métier qui est aussi une vie.
Un chapitre plus personnel et touchant
Le chapitre qui clôt le livre, le plus personnel, m’a aussi paru le plus touchant. Zyad Khoury y raconte un « road trip » de plus de 6 000 kilomètres, en 13 jours, qu’il entreprend à la veille de ses 55 ans, Le guide des égarés de Jean d’Ormesson dans ses valises. De San Francisco au Golfe du Mexique en passant par la Vallée de la mort, Las Vegas, l’Arizona, l’ancien préfet connaît ces moments précieux et ces lieux magiques où l’on regarde derrière soi : « Mon parcours a une épaisseur sans tâche, ne doit rien à aucune servilité, à aucune concession dans la mission à accomplir… Je suis exemplaire dans mon engagement, perfectible dans ma sociabilité, mais jamais dans le manquement ». Vive la France et « À moi la vie ! »

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