Belle rencontre avec Pascal Perrineau à Clermont-Ferrand
Pascal Perrineau, au terme de son mandat de président des Sciences po alumni, était l’invité le 12 septembre, à Clermont-Ferrand, de la section régionale Auvergne Rhône Alpes de l’association, en partenariat avec la grande librairie clermontoise Les Volcans.
Près de 150 personnes ont suivi cette conférence-débat, pleinement en phase avec l’actualité politique du pays…et animée par notre camarade Damien Caillard, journaliste, fondateur et responsable du media associatif Tikographie.
Extraits.
A la question initiale, « avez-vous malgré le contexte actuel, conservé le goût de la politique ?" (titre de son dernier ouvrage, paru chez Odile Jacob, « Le goût de la politique, un observateur passionné de la Ve République"), P. Perrineau répond par l’affirmative, parce que, dit-il, j’ai conservé l’optimisme de la volonté…
Concernant l’instabilité politique actuelle, il souligne que ce sont les Français qui ont élu, fait le choix de la présente Assemblée nationale …
Côté exécutif, il considère que Sébastien Lecornu est certes le Premier ministre de la dernière chance mais il a pour lui d’avoir une véritable expérience politique (à la différence du président de la République...), « c’est un vrai négociateur, quelqu’un qui écoute, qui cherche à trouver un centre de gravité ».
Le RN et l’extrême gauche sont eux paradoxalement d’accord pour faire tomber les gouvernements actuels mais ne proposent rien de constructif à la place (une situation impossible par exemple en Allemagne où, si l’on fait tomber un gouvernement, l’on a l’obligation de proposer une alternative crédible avec la démarche de « la motion parlementaire constructive »).
Malheureusement en France, observe P. Perrineau, la société est bloquée car nous n’avons pas la culture du compromis. On passe son temps à se détester les uns les autres…
Question : comment appréhender une éventuelle prise du pouvoir par un parti extrémiste ? Réponse : on a d’un côté un parti, le RN, qui se nourrit de peurs, parfois fondées. Mais un nombre conséquent de Français pensent aujourd’hui que l’on va vers la fin du monde dans les dix ans… (alors que des pays voisins, bien plus pauvres que nous, à l’est par exemple, demeurent optimistes...). Par ailleurs le RN est un parti qui a changé mais qui conserve aussi des restes importants de sa culture passée…
A l’autre extrémité, l’on a un parti particulièrement protestataire, LFI, qui assume une stratégie de la tension (avec les mots les plus durs réservés à ses alliés…).
Le problème est aussi que ces extrêmes ont en commun de ne gérer presque rien, Régions, Départements, grandes villes…et ce manque d’expérience est fâcheux pour qui aspire théoriquement à gouverner…
Question : y a-t-il en France une crise de communauté des appartenances ? Réponse : oui, aujourd’hui un Français sur deux n’a plus de sentiment d’appartenance et la France est le pays de l’UE où cette crise d’appartenance est la plus forte. Il y a surtout une somme d’intérêts particuliers.
Il faut préserver le contrat républicain, qui est notre contrat social. Sinon on évolue vers une société de fragmentation, de tribus…
On pensait à une époque que les réseaux sociaux permettraient de remédier en partie à cette situation. Or on en découvre la face d’ombre, un monde numérique de fermeture et non d’ouverture, où l’on rentre en contact uniquement avec des personnes avec lesquelles on est d’accord, à travers des bulles cognitives où l’on croit n’importe quoi…
Enfin P. Perrineau est revenu sur les menaces actuelles pour la paix. Nous avons été naïfs, dit-il, de croire que la guerre était irrémédiablement finie…
On a affaire à des dictatures et à des personnages comme Poutine qui ne s’arrêteront pas là…
Il faut se préparer au pire comme l’Armée française le fait maintenant et l’opinion commence à intégrer la guerre.
Mais la Défense européenne est bien la clé…
A l’issue de cette conférence-débat passionnante, un cocktail très convivial avec P. Perrineau a été proposé aux alumni auvergnats, proches et partenaires, sur la magnifique terrasse panoramique du Crédit Agricole Centre France de Clermont-Ferrand.

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