Services de presse entre Alumni #34 : Le regret des astres, de Simon Fulleda
10.19.2025
« L’histoire de ce jeune homme vendeur de tomates et chercheur d’étoiles qui lutte contre ses fantômes psychologiques, ne peut que toucher le lecteur. Qui n’a pas eu de blessures intérieures à guérir ? » : Clarisse Ranc (promo 1982) nous explique pourquoi elle a été très émue par Le regret des astres de Simon Fulleda (promo 2016), paru en août 2025 aux Éditions Quartier libre. « Ce n’est pas fréquent qu’un premier roman émeuve ainsi ! »
Le livre
L’auteur
Simon Fulleda sur le site des Éditions Quartier Libre
Né à Béziers en 1992, Simon Fulleda a étudié les lettres classiques au lycée Henri IV, l’histoire à la Sorbonne puis le droit à Sciences Po Paris. Il a par la suite intégré la magistrature et est actuellement juge des contentieux de la protection en Seine-Saint-Denis. Il vit à Paris.
Le regret des astres est son premier roman.
Présentation du livre par la maison d'édition
« Le jour où les étoiles ont disparu, je l’ai tout de suite remarqué. Et j’ai immédiatement senti que c’était une affaire sérieuse, du genre de celles qui ne regardent pas les gens comme moi. Pourtant, s’il y a une vie qui a été bouleversée par le regret des astres, c’est bien la mienne. »
Comment trouver sa place dans le monde quand plus rien ne brille au-dessus de soi ? Dans cette fable contemporaine, Simon Fulleda esquisse le portrait d’un jeune homme aux allures de Candide, à l’aube de sa vie d’adulte. Un roman réjouissant, où il sera question de perte, d’engagement, mais aussi de désir et d’amitiés lumineuses.
Un extrait choisi par Clarisse
– Alors, qu'est-ce qui se passe ? Dites-moi.
– Je viens de vous le dire. Il n'y a plus d'étoiles.
– Oui, c'est surprenant, hein... On vit vraiment une drôle d'époque...
Il a dit ça en hochant la tête, mais dans l'autre sens, sur les côtés, et en décroisant les mains pour mieux hausser les épaules. Puis il a encore attendu. Alors j'ai insisté, je n'aurais pas cru qu'un homme si intelligent ne comprenne pas.
– Il faudrait retrouver les étoiles, c'est très grave ce qui est en train de se passer.
Il a posé la main sur la table et il a planté ses yeux dans les miens :
– En tant que représentant de la nation française, je ne peux qu'approuver ce que vous venez de dire, monsieur. Je vous assure que nous prenons la mesure de la situation et que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour comprendre ce qu'il se passe. J'aime à me définir avant tout comme un humaniste, je cite souvent Jaurès, qui promettait de rallumer les étoiles et...
Un jeune qui était à la machine à café a levé la tête et a chuchoté : « C'est Apollinaire », tout bas, mais je l'ai quand même entendu et le député lui a jeté un regard noir. L'autre a baissé la tête. Baptiste Collet avait beau confondre Jaurès et Apollinaire, c'était quand même lui qui payait son salaire. Il a repris, en s'adoucissant :
Je sais que nos meilleurs scientifiques sont sur le coup. Malheureusement, à l'Assemblée nationale, on vote des lois, on n'a pas le pouvoir de régir le ciel. Je peux vous promettre de me tenir informé des initiatives prises pour éclairer ce piteux état de fait et de vous en rendre compte à l'occasion si vous revenez à ma permanence.
– Est-ce que cela vous convient ?
Cela ne me convenait pas, parce que je me doutais qu'il pouvait faire plus, même si je ne savais pas exactement quoi. J'ai eu l'impression que si j'étais venu lui dire qu'il y avait un problème dans l'ascenseur de mon immeuble, ou que j'étais inquiet des produits chimiques dans ma nourriture, il m'aurait répondu mot pour mot la même phrase. Il avait l'air tellement fatigué, tellement plein de bonne volonté, d'espoir de bien faire son travail que je n'ai pas voulu le bousculer, alors j'ai dit : « C'est parfait, merci monsieur le député, bonne journée » et je suis sorti. Je me demande parfois au bout de combien de temps il a arrêté de se tenir informé des initiatives prises pour éclairer ce piteux état de fait.
L'avis de Clarisse : un jeune homme aux prises avec des étoiles disparues
Comment y voir clair quand l’univers qui nous entoure ne brille plus ? Dans son premier roman, Simon Fulleda peint avec merveille la vie d’un jeune homme en proie à ses profonds désirs, à ses aspirations et à ses blessures intérieures. Un monde où les étoiles ont disparu ! L’auteur nous plonge dans cette singulière obscurité qui tourmente ce jeune homme à la vie quelque peu écorchée. Une histoire qui régale avec une issue qui rassure.
Que se passerait-il dans un univers où plus rien ne brillerait ?
Les étoiles nous fascinent depuis la nuit des temps. Elles éclairent nos nuits, elles nous guident et nous continuons à les observer. Alors nous n’imaginons pas une seconde qu’elles ne soient plus dans le firmament. Et pourtant, le roman Le regret des astres de Simon Fulleda nous entraîne dans un univers où plus rien ne brille. Comme si une éclipse avait assombri la voute céleste depuis plusieurs jours. Sans que l’on ne s’en aperçoive immédiatement, à part les marins ou les détenteurs de télescope. Est-ce une hallucination ou une conséquence de la pollution lumineuse des grandes villes ?
C’est ce que se demande ce jeune homme employé dans l’épicerie de son quartier. Il vit seul dans son studio, avec sa chatte Grisette. Un peu naïf et timide, il fréquente Sarah à qui il n’ose pas déclarer sa flamme. Mais il lui fait part de son inquiétude de ne plus voir le ciel étoilé. Les habitants du quartier commencent eux aussi à en parler. « Apparemment les étoiles sont toujours là, mais on ne peut plus les voir » lui dit une cliente de l’épicerie.
Un jeune homme tourmenté qui a du mal à passer à l’âge adulte
On découvre peu à peu ce jeune homme tourmenté qui a du mal à passer à l’âge adulte. Il préfère se focaliser sur la disparition des étoiles plutôt que de réfléchir à son avenir, d’appréhender ses peurs ou tout simplement de payer son loyer en temps et en heure.
Sarah, qui déborde de taches de rousseur, est étudiante en psychologie. Et coup de chance, le patron du jeune homme est le grand-oncle, dit aussi le cousin au second degré de Sarah qui vient faire ses courses au magasin.
A la place d’un ciel étoilé, le jeune homme et son amie Sarah ne voient qu’une publicité géante de l’entreprise Tesla d’Elon Musk destinée à promouvoir les voyages interstellaires. Qui prévenir de cette catastrophe ? Est-il le seul à s’inquiéter ainsi de la disparition des étoiles ? Pourquoi personne ne réagit ? Il décide alors d’écrire au Président de la République. Mais il est déçu par sa réponse. Il prend rendez-vous avec le député de la circonscription, mais cela n’a servi à rien. Enfin, il est contacté par un inconnu qui va lui parler du collectif des « Chercheurs des étoiles ».
Il en parle à Sarah, en qui il a confiance. Il voit d’ailleurs en elle « des étoiles de part et d’autre de son nez (qui) ont convergé autour du vert de ses yeux ». Est-ce un début d’espoir pour le jeune homme ?
Un roman initiatique
Sarah le suit au rendez-vous de ces fameux Chercheurs d’étoiles. Leur association dirigée par Jacques cherche des solutions pour retrouver les étoiles. Elle ne manque pas d’idées, pourquoi pas réduire les lumières de la ville, créer la police des Cieux sombres, faire payer des droits à éclairer, sanctionner ceux qui ne respectent pas les règles ! Heureusement, ils ne font pas partie des « luminosceptiques » !
Mais les membres du collectif ont du mal à s’entendre.
Pendant ce temps, le jeune homme décide de partir affronter ses fantômes. Peu à peu transformé, il entrevoit enfin le bout du tunnel… Le lecteur ne devinera qu’à la fin comment ou plutôt par l’intermédiaire de qui.
Un premier roman très émouvant
Ce roman que l’on peut qualifier de conte contemporain ne nous laisse certainement pas indifférent. L’histoire de ce jeune homme vendeur de tomates et chercheur d’étoiles qui lutte contre ses fantômes psychologiques, ne peut que toucher le lecteur. Qui n’a pas eu de blessures intérieures à guérir ? Sa quête vers ce qui brille est habilement racontée par l’auteur. Les descriptions détaillées des personnages et les dialogues dépourvus d’incises inutiles renforcent ici le texte. Ce n’est pas fréquent qu’un premier roman émeuve ainsi !

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